Neza Violette : d’enfant rebelle à championne cycliste
17/12/2024
Le sport, un truc de garçons ? Même en 2024, les stéréotypes de genre sont tenaces. Des siècles de patriarcat ont longtemps associé l’effort physique à la virilité. Ces clichés pénalisent autant les filles, souvent invisibilisées dans le milieu sportif, que les garçons, prisonniers d’injonctions constantes à la force physique et la compétitivité.
L’année prochaine, le Rwanda accueillera les championnats du monde de cyclisme. Il y a bien des courses féminines au programme, mais la route vers l’égalité des genres reste semée d’embûches au pays des mille collines. Une fille sur deux de moins de 24 ans subit des violences physiques ou sexuelles et une sur trois n’a ni emploi, ni formation, ni accès à une scolarité.
Du haut de ses 23 ans, Neza Violette prouve qu’on peut repousser ces limites :
« Je veux me montrer telle que je suis : je suis fière d’être une fille ! »
Avec détermination, elle participe à des championnats de cyclisme en défiant les normes de genre en place et s’investit dans son rôle d’ambassadrice du projet Bike for Future (« Vélo pour l’avenir ») de Plan International. De passage à Bruxelles, elle nous a livré un témoignage inspirant. À vos marques, prêt·es, partez !
Des débuts mouvementés
Petite, Neza rêve d’enfourcher un vélo : « Je me déplaçais souvent sur les porte-bagages des garçons, » confie-t-elle, « mais je fermais les yeux et m’imaginais au guidon ». Mais comme dans beaucoup de familles au Rwanda, il est mal vu pour une fille de faire du deux-roues.
Un jour, elle prend à deux mains son courage… et le guidon du vélo familial. En cachette, elle s’exerce sur les routes pentues de Ruhengeri. Elle observe les cyclistes et les imite. Ses débuts en autodidacte sont difficiles. « On tombe, on se relève et on recommence à pédaler. Quand on a un rêve et une passion, il ne faut jamais abandonner. »
Rapidement, Neza fait face aux réactions négatives de sa communauté. « Des passants me criaient que c’était illégal qu’une fille roule à vélo, mais ça ne m’atteignait pas ». Neza continue sur sa lancée, armée d’arguments imparables : « Tous les enfants grandissent pendant neuf mois dans l’utérus, alors pourquoi tout devrait changer à la naissance ? »
« J’ai deux jambes : une en classe et l’autre à vélo. »
Neza s’entraîne sans cesse et devient rapidement une cycliste hors pair, ce que son entourage finit par tolérer. Cependant, ses parents s’inquiètent de son avenir et lui demandent de faire un choix entre études et cyclisme. Neza décide de se plier à leur volonté et poursuit ses études, tout en continuant de pratiquer le vélo comme loisir.
Une fois son diplôme en poche, elle revient à son rêve initial de devenir cycliste professionnelle. « Mon amour pour le vélo m’a vraiment motivée ». Bien vite, elle intègre une équipe cycliste féminine rwandaise. « En donnant de la visibilité au cyclisme féminin, je pourrai inspirer davantage de filles à se lancer dans l’aventure ».
Les réactions de son entourage prennent alors un virage beaucoup plus positif : « Certaines personnes m’ont vue à la télévision comme capitaine d’équipe lors d’un championnat africain. Elles ont compris qu’elles avaient eu tort de me critiquer et étaient impressionnées. Quand je suis rentrée de Kigali à vélo, les enfants du village m’ont accueillie, émerveillé∙e∙s, en me posant plein de questions. » Elle en profite pour convaincre la population locale de l’utilité du vélo pour les filles : « Vous n’aurez plus à emmener votre votre fille à l’école ou votre femme au travail ! » leur dit-elle.
Bike for Future : des défis à relever dans le cyclisme féminin
Même si Neza réalise que le sport lui ouvre de nombreuses portes et que le cyclisme féminin a de plus en plus de visibilité au Rwanda, elle et ses coéquipières continuent de se heurter aux mentalités traditionnelles. « Nous avons un long chemin à parcourir en termes d’égalité de genre. Nous devons continuer d’élever nos voix pour apporter des changements toutes ensemble. De plus, nous manquons d’équipement de qualité et d’un environnement sûr pour pratiquer notre sport. »
Le projet Bike for Future, qu’elle soutient en tant qu’ambassadrice, utilise le sport comme outil d’émancipation durable pour des filles. Lancé en 2023 au Rwanda, cette initiative vise à faciliter l’accès aux jeunes, en particulier aux filles, à une formation professionnelle (mécanique, soudure, communication...), tout en remettant en question les stéréotypes de genre. Plan International Belgique et Rwanda parrainent ce projet mis en œuvre par Learn Work Develop Rwanda.
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