Actualités La menstruation hier et aujourd’hui : échanges entre trois générations
Nieuws

La menstruation hier et aujourd’hui : échanges entre trois générations

Blog_1 (1)

Autrefois, les filles vivaient leurs règles très différemment des adolescentes d'aujourd'hui. Même si de nos jours, de nombreuses jeunes filles n'ont toujours pas un accès facile et bon marché aux produits menstruels. Et que la stigmatisation et les préjugés largement répandus continuent de leur compliquer la vie. 

Nous avons recueilli les conversations entre grands-mères, mères et filles sur la menstruation au fil des ans. 

Dans le centre du Togo (Afrique de l'Ouest), Inna raconte à sa petite-fille Denise comment les filles géraient leurs règles lorsqu'elle était jeune. 

"Le premier jour de nos règles, nous devions nous cacher. Notre mère ou notre sœur venait nous aider discrètement ; nous n'avions absolument pas le droit d'entrer dans la maison. Pendant toute la durée de nos règles, nous devions rester dans une cahute au bord de la route.'' 

"Tout le village était prévenu et les gens venaient apporter de la nourriture pour quatre jours. Le soir, d'autres jeunes venaient nous rendre visite et nous bavardions, mangions ou chantions et nous amusions. Certain·e·s restaient même restés pour la nuit.'' 

"Aux filles du monde entier, y compris celles qui vivent dans des communautés isolées, je dis qu’il ne faut pas avoir honte de vos règles. Il en va de nos droits !" - Denise, jeune Togolaise 

Togo

La grand-mère d'Assana, Akoyiki, également originaire du Togo, raconte qu'elle devait se baigner plusieurs fois par jour pendant ses règles et qu'elle n'était pas autorisée à préparer ou à servir de la nourriture à son père. Quant à sa mère Gnoussiado, elle n'avait pas le droit d'être vue par d'autres hommes que son mari. 

Assana, quant à elle, peut envisager les choses sous un angle un peu plus positif : "Beaucoup de choses ont changé. Aujourd'hui, nous portons des pantalons et des soutiens-gorge et nous pouvons pratiquer toutes sortes d'activités même pendant nos règles". 

TOgo_2

Au Cambodge, Bui Non confie à sa petite-fille Seila : "À mon époque, nous n'avions rien, alors je découpais un sarong et je m'en servais comme serviette hygiénique. Je les lavais et les réutilisais pendant une semaine, puis on les brûlait. Aujourd'hui, cela a complètement changé et on peut les acheter". 

"Lorsque ma fille avait ses règles, je lui disais de se laver correctement. Lorsqu'elle se sentait malade, je lui faisais un massage de grattage : j'étalais du baume sur le haut de son corps jusqu'à ce que la peau devienne rouge. Cela l'aidait à soulager la douleur.’’ 

 

Caùbodge

Paz, 80 ans, du Salvador, raconte : "Ma mère me disait que lorsque j'étais "comme ça", je n'avais pas le droit d'aller à la rivière, car l'eau pénétrerait par mes pores. Il n'y avait pas de serviettes hygiéniques ; nous coupions de vieux vêtements en lanières et les brûlions ensuite". 

Selon sa fille Ana, les mères ne pouvaient pas en parler parce qu'elles n'avaient jamais reçu d'explications adéquates. "Nous devions nous contenter des maigres informations fournies par l'école", confie-t-elle.’ 

"Dans notre communauté, de nombreuses filles n'osent pas acheter de serviettes hygiéniques parce que leurs mères n'en parlent pas. Elles ont tout simplement peur, elles ont honte". 

Sa fille Hazel, âgée de 18 ans, participe au projet communautaire The Power of Red Butterflies, qui vise à briser les tabous liés à la menstruation.   

Blog_5

The Power of Red Butterflies a eu un impact considérable sur ma vie. Avant cela, je ne savais pas grand-chose sur la menstruation. Mais grâce à ce projet, j'ai appris à mieux connaître mon corps, mes premières règles, mon cycle menstruel et les différents produits menstruels existants. 

"Nous étions dans un groupe composé uniquement de filles. Nous nous sommes ouvertes les unes aux autres et avons échangé des idées, nous avons parlé de la façon dont nous avions vécu nos premières règles. C'était une expérience particulière.’’ - Hazel, jeune Salvadorienne  

Aujourd'hui encore, des millions d'adolescentes vivent leurs règles dans des conditions difficiles. Environ 300 millions de femmes et de filles dans le monde ont leurs règles chaque jour. Une sur quatre n'a pas accès à des produits menstruels ou à des toilettes propres. Certaines doivent se contenter de vieux papiers journaux, de chiffons, d'herbe ou de feuilles. Souvent, elles ne sont pas autorisées à aller à l'école ou sont exclues d'autres activités sociales pendant cette période. 

Que fait Plan International ? 

Grâce aux projets de santé menés dans les communautés du monde entier, les filles reçoivent les informations adéquates et le sujet fait l'objet de discussion. Nous mettons l'accent sur la lutte contre la discrimination fondée sur le genre, mais nous offrons également un soutien pratique. 

Plan International travaille depuis de nombreuses années avec des filles et des femmes, ainsi qu'avec des garçons et des hommes, pour : 

  • sensibiliser les communautés à la santé menstruelle  
  • engager un dialogue intergénérationnel
  • briser les tabous et les stigmates liés à la menstruation  
  • fournir des produits menstruels   
  • mettre à disposition des installations sanitaires et des toilettes adéquates 

Enfin, nous encourageons les gouvernements à inclure la santé menstruelle dans les programmes scolaires afin que tou·te·s les écolier·ère·s sachent que la menstruation fait partie de la vie.