Comment se libérer des mutilations génitales féminines ?
06/02/2025
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Vous feriez-vous couper sur le corps pour faire plaisir à votre communauté ? Nous non plus. Pourtant, les mutilations génitales féminines, notamment l’excision, sont encore une réalité pour plus de 230 millions de filles et jeunes femmes dans plus de 96 pays du monde.
Mais bonne nouvelle : les mentalités évoluent ! Aujourd’hui, des femmes et des hommes prennent la parole pour changer la donne dans leur communauté. L’éducation joue un rôle crucial pour faire reculer cette pratique et protéger les droits et la santé des filles.
Que sont les mutilations sexuelles féminines ?
Ces pratiques consistent en l’ablation totale ou partielle des organes génitaux externes des filles, ou toute autre lésion des organes génitaux féminins sans raison médicale. Elles leur sont souvent imposées bien avant leurs 15 ans par des exciseurs traditionnels aux quatre coins du monde (Afrique subsaharienne, Moyen-Orient, Asie, Amérique du Sud…). À noter que d’autres pratiques comme le repassage des seins peuvent aussi faire du tort à la santé des filles.
Pourquoi sont-elles pratiquées ? Pour des raisons culturelles, sociales ou religieuses. Dans certaines communautés, cela est censé « purifier » les filles, les rendre moins « masculines » aux yeux de maris potentiels, ou encore contrôler leur sexualité. Mais au fond, rien ne les justifie.
En réalité, ces mutilations provoquent des souffrances physiques et psychologiques irréparables : douleurs chroniques, infections, rétention d’urine, complications lors des accouchements… Et surtout, elle prive des millions de filles de leur droit fondamental : disposer librement de leur corps.
Au Kenya : l’éducation comme refuge pour Poria
« Je suis Maasaï», dit fièrement Poria, 16 ans. Mais elle déplore que de nombreuses filles de sa communauté subissent encore des mutilations génitales. Au Kenya, 15 % des femmes entre 15 et 49 ans en ont souffert entre 5 et 14 ans.
Ces filles, Poria les côtoie dans son école, un établissement refuge qui les accueille et leur permet de se reconstruire. « Ces filles ont réussi à s’échapper pour arriver dans cette école, où elles sont en paix et peuvent étudier sereinement. »
Grâce au programme Break Free! de Plan International, Poria prend conscience de ses droits sexuels et reproductifs. Ce programme aide notamment les filles à éviter les grossesses précoces et se protéger contre les mutilations génitales.
Chaque semaine, des enseignant∙e∙s et mentors de Plan International abordent avec elles des sujets essentiels : la santé, l’égalité des genres, le mariage forcé... « Ces adolescentes traversent tant d’épreuves dans leur vie. Nous faisons tout pour qu’elles se sentent à l’aise, » explique Esther Marona, enseignante du programme.
Poria ne se contente pas d’apprendre, elle devient aussi une oreille attentive pour ses camarades. « J’apprends à leur parler et les encourager. Parfois, elles apportent des témoignages si bouleversants qu’on a envie de pleurer, mais il faut se montrer fortes pour elles. »

Break Free! (2021-2025) est un programme mené par Plan International avec les organisations africaines SRHR Africa Trust et Forum for African Women Educationalists. Grâce à l’éducation, nous aidons les filles à échapper à l’excision et à d’autres dangers auxquels elles font face.
Au Sénégal : une école pour les papas, un espoir pour Fatou
Comme au Kenya, les mutilations génitales féminines marquent encore les filles et leur corps à vie au Sénégal. Dans la région de Kédougou au sud-est du pays, plusieurs villages reculés les pratiquent encore.
« Cela peut ruiner l’éducation d’une fille, » déplore Fatou, 16 ans. « Elle perd beaucoup de sang, ce qui peut parfois mener au décès. Si elle survit, elle doit passer des semaines à s’en remettre. Pendant ce temps, elle prend énormément de retard dans sa scolarité. »
Son père Bamba se souvient d’un temps où c’était la norme : « Avant, les hommes considéraient les filles non excisées comme sans valeur. Elles ne pouvaient avoir ni de petit copain ni de mari. »
Aujourd’hui, l’excision recule, remplacée par un mouvement de résistance.
Grâce aux Écoles des Pères, des pères, des chefs de village, des imams… s’unissent pour défendre les droits des filles. Chaque semaine, ils se retrouvent pour discuter, sensibiliser d’autres hommes et faire avancer les mentalités. Leur objectif : garder les filles à l’école et protéger les filles des mariages précoces, de l’excision et des violences sexistes.
Bamba, musicien griot, a été le premier à y prendre part vis à vis de sa fille Fatou. « Mon père m’a appris à dire non à l’excision », se réjouit Fatou. « Si j’entends parler d’une fille excisée dans notre communauté, je dois le lui dire. Ensuite, nous portons plainte à la gendarmerie. »

Pour sensibiliser sa communauté, Bamba leur a montré des photos des conséquences désastreuses de l’excision. En les voyant, Soumtou, sa femme, a poussé un cri. Elle soutient complètement son mari : « Tout le monde applaudit son engagement. Il arrive toujours à se faire écouter lorsqu’il s’exprime. Nous avançons ensemble : il anime les discussions dans le village et aux alentours et je l’accompagne, car cela a encore plus d’impact quand une femme s’exprime à ce sujet. »
En plus des discussions, un festival Girl’s Fest Tour a été organisé par le projet GirlEngage de Plan International pour sensibiliser un maximum de personnes.
Aujourd’hui, 311 membres de l’Ecole des Pères ont atteint plus de 27 000 personnes dans la région.
Résultat : l’excision disparaît peu à peu dans plusieurs pays comme le Sénégal et le Kenya, faisant place à un nouvel espoir. Celui de voir les filles aller à l’école, libres de choisir leur avenir et de décider de leur corps.

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