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Gaza : nouveaux postes-frontières et nouvelle jetée flottante nettement insuffisants

30/05/2024

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Un meilleur accès pour les travailleur·euse·s humanitaires à Gaza ? Ce n'est qu'un leurre, alertent 20 organisations humanitaires, dont Plan International. La triste réalité est que l'acheminement de l'aide est hautement imprévisible en raison des attaques de plus en plus intenses sur Rafah. Selon les ONG, la faim et les maladies vont causer de plus en plus de morts. 

Les dernières attaques israéliennes contre un camp de réfugiés près de Rafah ont fait des dizaines de morts, dont beaucoup d'enfants. Et de nombreux autres ont été blessé·e·s. Les organisations humanitaires et les équipes médicales ont à peine le temps de réagir, et les solutions temporaires telles que la "jetée flottante" et les nouveaux points de passage frontaliers n'ont eu que peu d'effet. Les organisations humanitaires craignent à présent que le nombre de morts dus à la faim, aux maladies et à l'insuffisance de l'assistance médicale ne s'alourdisse encore. La quantité d'aide entrant dans la bande de Gaza n’a jamais été aussi basse au cours des sept derniers mois, indiquent 20 ONG, dont Plan International.   

Le système de santé est démantelé 

Zenab est une femme enceinte qui a perdu son mari lors d'une frappe aérienne israélienne. En mars, elle a confié à CARE International (l'une des ONG signataires) qu'elle avait fui la ville de Gaza pour se rendre à Rafah, puis à Khan Younis. Pendant des heures, elle a dû y chercher les médicaments dont elle avait besoin. Elle n'a également pu trouver qu’une quantité insuffisante d'eau potable et de nourriture. Selon son médecin, elle a besoin d'une césarienne et devrait accoucher la semaine prochaine, mais il craint qu'il n'y ait pas de place dans les rares hôpitaux restants.   

Le système de santé de Gaza a été littéralement démantelé. Pratiquement tous les hôpitaux de Gaza ont reçu un ordre d'évacuation, sont assiégés par Israël ou seront bientôt à court d'énergie et de fournitures. Le plus grand hôpital de Rafah, Abu Yousef al-Najjar, a été contraint de fermer à la suite d'un ordre d'évacuation israélien. Aucun hôpital du nord de la bande de Gaza n'est actuellement accessible. Des patient·e·s meurent chaque jour en raison de la pénurie de fournitures médicales, tandis que des médecins, des infirmières et d'autres travailleur·euse·s de la santé continuent d'être tué·e·s ou déplacé·e·s de force. 

Les besoins humanitaires augmentent 

Dans le sud de la bande de Gaza, l'acheminement de l'aide a été complètement interrompu. Toutes les boulangeries de Rafah ont dû fermer. Dans le même temps, en raison de la diminution des stocks, de l'inaccessibilité des entrepôts et de l'insécurité, les organisations humanitaires ont dû suspendre la distribution des secours nécessaires dans le sud. Elles pourraient bientôt devoir faire de même à Khan Younis, Deir al-Balah et dans la ville de Gaza. De nombreux Palestinien·ne·s ne disposent que de moins de trois pour cent de l'eau dont ils ont besoin quotidiennement, alors que les températures sont dangereusement élevées et que des maladies telles que la diarrhée et l'hépatite se propagent rapidement. 

Les annonces de nouveaux postes-frontières et d'initiatives telles que la nouvelle "jetée flottante" ont créé l'illusion d'une amélioration, mais se sont révélées n'être qu'un leurre. Entre le 7 et le 27 mai, un peu plus d'un millier de camions d'aide sont entrés à Gaza par tous les points de passage combinés, y compris la « jetée flottante ", selon les comptages de l'ONU. Ce chiffre est alarmant compte tenu des besoins humanitaires considérables des 2,2 millions d'habitant-e-s de Gaza, et beaucoup plus bas par rapport à la plupart des périodes de ces sept derniers mois.

Le poste frontière de Rafah, l'un des principaux points d'entrée des travailleur·euse·s humanitaires et des fournitures de secours à Gaza, est fermé depuis que les forces israéliennes s'en sont emparées le 7 mai. Pendant ce temps, plus de 2 000 camions d'aide attendent toujours l'autorisation d'Israël à Arish, en Égypte. La nourriture pourrit et les médicaments se périment, tandis que les familles vivant à quelques kilomètres de là sont confrontées à une famine croissante.  

Bien que Kerem Shalom reste officiellement ouvert, les camions commerciaux ont été traités en priorité et le flux d'aide reste imprévisible, incohérent et extrêmement insuffisant. 

Un cessez-le-feu immédiat et durable 

Avec d'autres organisations humanitaires, nous continuons à réclamer un cessez-le-feu immédiat et durable ainsi que des voies d'accès cohérentes et prévisibles pour l'entrée et la distribution de l'aide dans la bande de Gaza. Toutes les parties doivent protéger l'accès humanitaire et l'acheminement de l'aide.   

Nous appelons les belligérants à respecter le droit international humanitaire (DIH) et demandons à Israël de se conformer aux arrêts de la Cour internationale de justice (CIJ), en ce compris l'injonction la plus récente de mettre fin à l'offensive militaire sur Rafah.   

Les organisations humanitaires travaillent 24 heures sur 24, tentant de fournir une assistance vitale dans les circonstances les plus difficiles, mais il n'y a pas grand-chose à faire si les États continuent de se soustraire à leurs obligations légales et à leur responsabilité morale de garantir un cessez-le-feu.    

Les signataires : Plan International, Première Urgence Internationale, Médecins du Monde France, Médecins du Monde Switzerland, Médecins du Monde Spain, Danish Refugee Council, Norwegian Refugee Council, CARE International, Médecins Sans Frontières/Artsen Zonder Grenzen, Oxfam, Save the Children International, Amnesty International, ActionAid International, Humanity & Inclusion/ Handicap International (HI), Norwegian People’s Aid, War Child Alliance, Secours Islamique France, Action For Humanity, Islamic Relief en Mercy Corps.