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La violence détruit les rêves des enfants haïtiens

14/04/2025

Sandra, 13 ans, dans le camp pour personnes déplacées où elle vit maintenant

En Haïti, la violence ne cesse d'augmenter et touche de plein fouet les enfants et les filles. Forcé∙e∙s de fuir leurs domiciles, ces enfants doivent abandonner l'école, n'ont pas accès à la nourriture, l'eau potable ou des installations sanitaires... Plan International est sur le terrain pour leur fournir de l'aide, en portant une attention particulière aux plus vulnérables. 

Mon premier rêve est de rendre ma mère fière de moi. Mon deuxième est d’apprendre un métier. Et mon troisième est de bien vivre. C'est ce que je souhaite car ma mère travaille très dur pour moi.

Les rêves de la jeune Lovelie* sont-ils si extravagants ? Pourtant, pour cette jeune Haïtienne de 17 ans, ils semblent plus inaccessibles que jamais. Lovelie a dû fuir son domicile en août 2023 à cause des violences commises par des groupes armés. Avec sa famille, elle vit désormais dans un centre d'hébergement pour personnes déplacées à Port-au-Prince, la capitale, où les conditions sont extrêmement difficiles.  

Avant l'attaque perpétrée par des groupes armés, Lovelie avait une vie confortable : elle allait régulièrement à l'école, dormait dans son propre lit et sa famille était à la tête d'une entreprise prospère. Aujourd'hui, chaque jour représente un défi pour accéder aux ressources les plus banales mais non moins importantes : de la nourriture, de l'eau et des installations sanitaires... 

Violence permanente  

L'histoire de Lovelie n'est pas unique. L'escalade de la violence en Haïti a poussé plus d'un million de personnes, dont 550 000 enfants, à fuir leur domicile. Ces personnes peuvent se rendre dans l’un des 117 abris, mais beaucoup de ces sites ne sont pas adaptés à leurs besoins, car ils manquent d'installations sanitaires ou la sécurité n’y est pas assurée.  

Les enfants subissent de graves traumatismes physiques et psychologiques. La crainte de la violence, des enlèvements et de la traite d’êtres humains constitue leur quotidien. On estime que plus de trois millions d'enfants (*) nécessitent une aide humanitaire, dont 1,2 million dans la capitale Port-au-Prince. En 2024, 184 enfants sont décédé∙e∙s et 105 ont été blessés.  

Par ailleurs, la violence sexiste a fortement augmenté, avec plus de 6 400 cas signalés en 2024. Ce type de violence est également utilisée comme arme de guerre. 

Avec l'école, on peut devenir quelqu'un dans le futur  

La violence qui sévit en Haïti a empêché de nombreux enfants de se rendre à l'école. Depuis janvier 2024, pas moins de 900 écoles ont dû fermer leurs portes à cause des attaques, des violences, de la peur ou parce qu'elles servent d'abris aux personnes déplacées.  

Lovelie*, 17 ans, vit avec sa famille dans un refuge pour personnes déplacées à Port-au-Prince.

« Je suis fière de pouvoir encore aller en classe. Mon papa a fait ce qu'il fallait pour que je puisse aller à l'école. » Depuis qu'elle a dû fuir la violence, Sandra*, une jeune Haïtienne de 13 ans, vit dans un refuge. Là, un mélange de solitude et d’isolement l’a envahie. Malgré les circonstances difficiles, Sandra trouve du réconfort dans des activités simples comme chanter et jouer avec d'autres enfants. « Jusqu'à présent, j'ai encore du mal à m'adapter à la situation ici au refuge. Je n'arrête pas de me demander si je ne rêve pas, à force de devoir endurer toutes ces épreuves. » 

Le père de Sandra lui rappelle souvent que la lecture et l'écriture sont essentielles pour s'intégrer dans la société. Elle rêve de devenir avocate et pense que l'éducation est la clé d'un avenir meilleur. Son histoire témoigne de sa résilience et sa détermination à surmonter les difficultés. Malgré les cicatrices émotionnelles de son passé, elle s'accroche à l'espoir d'un futur plus agréable.  

Isabelle* (15 ans), qui a déjà perdu une amie dans les violences, trouve également important de pouvoir continuer sa scolarité malgré tout. « Il faut que j'aille à l'école », dit-elle avec détermination. « J'y vais avec mon petit frère, parce qu'avec l'école, on peut devenir quelqu'un dans le futur. » 

Que fait Plan International en Haïti ?  

Plan International donne la priorité à la protection des enfants, à l'éducation et à la prévention de la violence sexiste en Haïti. Pour ce faire, nous offrons aux enfants de familles réfugiées des espaces adaptés qui leur garantissent un environnement sûr, un soutien psychosocial et un accès à l'éducation. 

Nous veillons également à ce que les enfants les plus vulnérables reçoivent le soutien nécessaire, par exemple en recherchant leurs parents pour pouvoir réunir les familles. Nous soutenons également les victimes de violences sexistes, apportons une aide financière et distribuons des kits d'hygiène et de dignité.  

Isabelle, 15 ans, devant la chambre du camp où elle dort avec sa famille