Salimata: une écolière, pas une épouse
Publié le 28/10/2025
Pourquoi les parents marient-ils leurs filles si jeunes ? L’une des principales raisons est souvent l'insécurité économique. Mais les traditions, le manque d'informations et la pression sociale jouent également un rôle important. Quelle idée vient à la tête des parents qui marient leur enfant ? Si ma fille se marie, son mari prendra soin d'elle. Le mariage leur donne ainsi l'impression d'une stabilité financière.
Salimata n'a que 14 ans lorsque sa mère commence à insister pour qu'elle soit mariée. Elle se sentait seule depuis la mort de son mari. Dans l'est du Mali, où vit Salimata, les mariages d'enfants sont une tradition séculaire. Difficile de contrarier sa famille, surtout si elle soupçonne que l’on fréquente déjà des garçons.
« Chaque jour, ma mère me reprochait tout et n'importe quoi. Elle disait que je voyais des garçons et que je ferais donc mieux de me marier pour contribuer aux coûts de la famille. Mais je suis encore une enfant, pas une épouse », raconte Salimata.
Malheureusement, Salimata n'est pas la seule dans ce cas. Le Mali occupe la cinquième place mondiale en matière de mariages d'enfants. Là-bas, 54 % des filles sont mariée avant l'âge de 18 ans, et 16 % avant leur 15ème anniversaire.
Un directeur qui a du cœur
Rongée par le stress, Salimata se renferme petit à petit sur elle-même. Sa scolarité prend également du plomb dans l’aile. Elle décide donc de demander de l'aide à son directeur d’école, qui discute ensuite avec sa mère : « Je suis contre les mariages précoces et j'ai essayé de convaincre la maman de Salimata de l'importance de l'école pour sa fille. Elle ne se rendait pas compte de la pression qu'elle exerçait sur Salimata et des conséquences que cela avait sur sa fille. Elle était souvent en larmes en classe. »
Un projet qui a tout changé
Lorsque Plan International lance un projet contre les mariages d’enfants dans son quartier, nous rencontrons Salimata et écoutons son témoignage. Notre projet rassemble des leaders communautaires, des groupes de femmes et des associations de jeunes. Ces personnes sont sensibilisées sur les mariages d’enfants, la violence de genre et les droits des filles. Les participant∙es engagent le dialogue avec différentes générations.
La tante de Salimata, par exemple, est membre d'un groupe de femmes du village et suit nos sessions d’information. Elle a également constaté le désespoir de sa nièce. Elle invite donc la mère de Salimata à participer à une de ces séances. Heureusement, celle-ci accepte. Grâce à ces sessions, la maman prend conscience des conséquences néfastes que peuvent avoir un mariage précoce sur l'avenir de sa fille. Elle abandonne définitivement l'idée d'un mariage précoce pour Salimata.
« Je veille au bien-être des enfants du village, en particulier des filles », explique la tante de Salimata. « Je suis membre du groupe de femmes, mais je suis avant tout la tante de Salimata. Il est de mon devoir de prendre soin d'elle. Je ne veux laisser aucune fille se marier avant d'avoir atteint l'âge adulte et terminé sa scolarité. »
Les larmes de Salimata ont désormais laissé place à un sourire et un regard plein d'espoir et d'enthousiasme pour l'avenir. Une belle preuve qu’apporter l'aide adéquate fonctionne vraiment. « Je suis tellement reconnaissante à ma tante pour tout ce qu'elle a fait pour moi. Elle a tenu bon jusqu'à ce que ma mère comprenne que je ne suis encore qu'une enfant et ne suis pas prête à me marier. Les séances de Plan International ont permis à ma mère de changer d'avis. »
Soutenir Plan International
Envie de soutenir ce projet ou d’autres projets de Plan International ?