Actualités L'espace public, porte d'entrée vers l'égalité
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"Les droits des femmes commencent par les droits des filles"

IMG - Opinie Isabelle Verhaegen (1)

Demain, c'est la Journée internationale des femmes. Il sera beaucoup question d'écart salarial et de plafond de verre, de précarité menstruelle et de répartition stéréotypée des tâches ménagères. 

Ce sont bien sûr des sujets pertinents et importants, mais à la veille de la Journée internationale des femmes, il est bon de réfléchir à ce qui les précède. Car avant d'être des femmes, les femmes sont des filles. Et les discriminations et préjugés auxquels les filles seront confrontées demain trouvent en grande partie leur origine dans la réalité d’aujourd'hui. Pour qu'elles puissent revendiquer leurs droits dans le futur, nous devons donc leur accorder une voix aujourd'hui; une démarche que notre société n'entreprend pas assez.  

Notre enquête Safer Cities a montré que 91% des filles et des jeunes femmes belges avaient déjà été confrontées à des violences basées sur le genre dans l'espace public, notamment du harcèlement et violences sexuelles. Une enquête réalisée au début de cette année indique que 47% d'entre elles craignent de se trouver dans une situation où leurs limites personnelles ne sont pas respectées. 42% se sentent régulièrement en danger lorsqu'elles sont seules à l'extérieur. L'espace public est une voie vers d'innombrables droits fondamentaux. Se sentir en danger dans cet espace public limite vos droits. 

Ces réalités sont aggravées par le fait que les passants ne réagissent pratiquement pas lorsque les filles sont victimes de harcèlement (verbal). Les témoins n'interviennent que dans 26,76% des cas, selon nos recherches. Ceci indique à ces filles et jeunes femmes que les autres acceptent cette privation de leur liberté et sûreté. C'est comme si l'on faisait comprendre aux filles et aux jeunes femmes, dès leur plus jeune âge, que ce qu'elles vivent est normal, qu'elles doivent s'en accommoder, que leur voix sera toujours moins prise en compte. 

C'est tout simplement une honte. L'égalité des genres est importante à tout âge et les violences basées sur le genre ne devraient jamais être normalisées. C'est pour cela que nous demandons, et même exigeons, ce qui suit : 

  • Que la sécurité, et donc la liberté, dans l’espace public soient assurées. Les responsables politiques devraient aménager les espaces publics de manière à ce que les filles et les jeunes femmes puissent se déplacer et s'exprimer librement.  
  • Que les tout le monde prenne la responsabilité de dire non aux violences basées sur le genre. Membres de l'Horeca, animateurs de jeunesse, chauffeurs de bus, policiers, simples passants... chacun a la responsabilité et le devoir d'intervenir lorsque des filles sont confrontées au harcèlement et à la violence sexuelle.  
  • Que les responsables politiques écoutent les jeunes, et en particulier les filles; et qu’elles et ils assurent leur participation dans divers processus politiques, notamment en lien avec la lutte contre le harcèlement sexuel. 

La liberté commence par la sécurité. Les filles et les jeunes femmes sont fortes, mais elles ne feront vraiment entendre leur voix que lorsque la société leur assurera une liberté physique et psychologique. Je suis personnellement prête à monter sur les barricades pour défendre les droits des femmes et l'égalité des genres. Et je demande à tout le monde - en particulier à nos responsables politiques - de lutter avec la même ferveur pour les droits des filles. 

 

Isabelle Verhaegen - Directrice nationale Plan International Belgique 

 

L'image qui accompagne ce texte a été générée à l'aide de notre outil dream4girls.