À quoi rêvent les jeunes femmes en Belgique ?

Les résultats d'une enquête commanditée par Plan International Belgique sur les rêves des jeunes femmes en Belgique révèlent que celles-ci ont le sentiment que le système politique et économique les néglige. Elles ne se sentent pas en sécurité lorsqu'elles sortent seules et sont freinées par des barrières fondées sur le genre.  

Autant d'obstacles qui se dressent entre elles et leurs rêves. Et pourtant, ces rêves n'ont rien d'extravagant : 

• 82% rêvent d'avoir un logement 
• 82% de pouvoir prendre leurs propres décisions 
• 80% d’être financièrement indépendantes  

Leur tiercé dans l’ordre : travail, maison, voyages. 

Les jeunes femmes en Belgique nourrissent donc des rêves plutôt ordinaires, favorisant principalement leur autonomisation et leur développement personnel. Comme avoir un bon emploi, en phase avec leurs domaines d’intérêt et susceptible de générer un revenu stable, et posséder leur propre logement. 

D'autres aspirations fréquentes incluent la fondation d'une famille, des voyages à l'étranger pour le travail ou les vacances, l’accession à l'indépendance financière, la rencontre d’un partenaire stable et la possibilité de poursuivre des études. 

"Je veux obtenir mon diplôme, me marier, avoir des enfants. En réalité, je souhaite simplement de la stabilité, rien de plus. Je n'ai pas le désir de devenir CEO. Je veux juste avoir une vie stable, être financièrement à l'aise et pouvoir voyager chaque année, offrir à mes enfants ce dont ils ont besoin. Si je peux obtenir tout cela, je serai déjà très reconnaissante", confie ainsi une jeune fille de 22 ans qui a participé à cette étude. 

Des thèmes plus abstraits tels que le bonheur (14%), la mobilité (posséder une voiture ou une moto, obtenir un permis de conduire) (14%) et la santé (13%) font moins fréquemment partie de leurs rêves qui restent majoritairement cantonnés à l'idée de la maison, du jardin, et de la vie de famille. Avec une focalisation sur leur propre avenir et leurs objectifs personnels. 

Des priorités majoritairement partagées 

L'étude révèle également que ces aspirations sont universelles, indépendamment de la tranche d'âge, de l'origine ou de la situation socio-économique. « Lorsqu’on demande aux jeunes femmes de parler de leurs rêves, leurs réponses spontanées sont plutôt traditionnelles.  Comme tout le monde, elles rêvent de bonheur familial, d'un bon emploi, de stabilité. On constate également que ces rêves sont largement partagés parmi les jeunes femmes : qu’elles soient riches ou pauvres, qu’elles aient moins de vingt ans ou près de la trentaine, qu’elles soient belges, européennes ou d’ailleurs », commente Isabelle Verhaegen, directrice de Plan International Belgique. 

Moins de 2 % des jeunes femmes interrogées ont explicitement indiqué que leur rêve était d'atteindre l'égalité des genres, d'éradiquer le racisme, ou de créer davantage de libertés. Non qu’elles ne se préoccupent pas des enjeux sociétaux, mais plutôt parce qu'elles ne les considèrent pas comme des rêves personnels et immédiats. Ces thèmes représentent plutôt pour elles des facteurs aptes à favoriser ou à entraver la réalisation de leurs propres rêves, ainsi que ceux des autres jeunes femmes. 

Optimisme mais aussi freins économiques et systémiques  

Bonne nouvelle : les jeunes femmes sont pleines d'espoir et d'optimisme ! Elles sont conscientes que c’est à elles de poursuivre leurs rêves et sont prêtes à se battre pour les concrétiser. Elles sont aussi conscientes de la présence de difficultés et d’obstacles et la moitié d’entre elles considèrent que réaliser ses rêves ne sera pas chose facile.  

Des différences significatives sont d’ailleurs observées à cet égard. En particulier concernant les jeunes femmes vivant dans un contexte économique plus difficile qui indiquent qu'elles n'ont pas pu réaliser leurs rêves antérieurs. Il apparaît aussi que plus elles sont démunies économiquement, moins elles ont confiance en leur capacité de concrétiser leurs rêves actuels dans un avenir proche. 

Les jeunes femmes font état de nombreux obstacles à surmonter pour espérer obtenir un bon emploi ou posséder sa maison. Ces barrières sont principalement systémiques : elles éprouvent le sentiment d'être défavorisées par le système et constatent que les femmes ont moins d'opportunités de s'épanouir dans le contexte économique actuel. Près de la moitié d’entre elles (48%) craignent même de ne pas pouvoir atteindre l'indépendance financière. 

L’entrave de l’inégalité des genres 

Les jeunes femmes sentent qu'elles sont entravées par l'inégalité des genres. Et cela à tous les niveaux : des stéréotypes culturels qui les cantonnent dans un rôle bien spécifique aux inégalités profondément enracinées. 41% estiment qu'elles doivent davantage s’acquitter des tâches ménagères simplement parce qu'elles sont des femmes. Plus d'un tiers s'inquiète de l'inégalité des genres sur le marché du travail et des conséquences que cela pourrait avoir sur leur carrière. Et cela alors que la plupart des jeunes femmes rêvent prioritairement à l’obtention d'un bon emploi. « Si tu es une femme, tu es avant tout une mère. Tu es censée être attentionnée et prendre soin de ta famille », confie l'une des participantes à l’enquête (25 ans). 

Petit rêve deviendra grand… 

Même si les jeunes femmes en Belgique ne mentionnent pas directement l'égalité des genres comme rêve prioritaire, elles reconnaissent que celle-ci constitue un prérequis à la réalisation de leurs aspirations. Pour qu'une jeune femme puisse accéder à un bon emploi, atteindre l'indépendance financière et acquérir une maison, des actions doivent être entreprises à une échelle plus large. « Pour pouvoir rêver petit, en termes de libertés individuelles, nous devons d'abord rêver grand et apporter des changements plus larges. C'est ainsi que nous permettrons à toutes les jeunes femmes de concrétiser leurs rêves, sans que le système ne les entrave », conclut Isabelle Verhaegen, directrice de Plan International Belgique. 

Découvrez comment Plan International Belgique travaille avec des jeunes afin de promouvoir l’égalité des genres et changer le système en Belgique.  

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Méthodologie  

Pour cette enquête, Plan International Belgique a collaboré avec le bureau de recherche Whyfive qui a interrogé un échantillon représentatif de 1003 jeunes femmes belges âgées de 18 à 35 ans. Elles ont dû répondre à une question ouverte portant sur leurs rêves et ambitions. On les a aussi questionnées sur la nature de leurs rêves il y a cinq ans ainsi que sur leurs aspirations futures. Les jeunes femmes ont également été priées d’identifier les obstacles potentiels à la réalisation de leurs rêves.