Consentement sexuel : c’est oui ou bien c’est non


Depuis la vague #MeToo, de nombreuses personnes se battent pour le respect du consentement sexuel. Celui-ci est un concept clé pour prévenir les agressions sexuelles et les viols, qui touchent d’innombrables filles.
En effet, plus de 370 millions de filles et de femmes, 1 sur 8, ont subi un viol ou une agression sexuelle avant l’âge de 18 ans.
Les filles subissant ce type d’agression se retrouvent parfois exclues ou enfermées dans le silence, comme témoigne Ouma*, une Nigérienne de 16 ans : « Ma mère m’a dit de ne le dire à personne car c’était une honte pour elle. »
Le problème, c’est que le consentement ne semble pas aller de soi pour tout le monde, comme l’observe ce groupe de jeunes Ougandais (19-23 ans) : « Certains garçons commencent directement sans demander le consentement. Je pense que certains jeunes ne le comprennent pas bien ce qu’il signifie. »
Voilà pourquoi, chez Plan International, nous disons NON à la honte et OUI à l’éducation au consentement !
Comprendre le consentement, c’est apprendre à distinguer les comportements autorisés de ceux considérés comme inappropriés. Connaissez-vous vraiment la signification le consentement ? Et ses enjeux légaux ?
Alors, parlons-en sans tabou ! :-)

Le consentement sexuel : définition
Le consentement sexuel se définit par un accord clair, libre et volontaire donné par une personne à une autre pour une activité sexuelle, avec ou sans contact physique.
Donc avant de faire des avances, d’embrasser ou de toucher une personne, ou d’aller plus loin… assurez-vous qu’elle est vraiment d’accord !
Pour se faire, apprenez les cinq critères clés du consentement : il doit être éclairé, spécifique, libre, réversible et enthousiaste (on vous l’explique plus bas). Si ces conditions ne sont pas réunies, il n’y a pas de véritable consentement.
Attention, il ne s’agit pas juste une question de mots ! Si quelqu’un dit « oui » mais que son langage corporel exprime du malaise ou de l’hésitation, ce n’est pas un vrai consentement. On parle ici de consentement implicite.
Le consentement doit être à la fois clair et sans ambiguïté. Un « non » est un « non », quel que soit le ton, l’attitude ou le sourire. Il doit donc être à la fois implicite et explicite.
« Nous, les garçons, avons un mythe : quand une fille dit non, nous pensons que c’est un oui. » - groupe de jeunes hommes (21-23 ans), Ouganda
Enfin, ne confondez pas volonté, désir et consentement. Une personne peut vouloir ou désirer une relation, mais ne pas y consentir, par exemple si elle n’a pas de préservatif à la main ou ne souhaite pas subir les conséquences de ce rapport.
Les 5 règles d’or du consentement
Pour être valide, le consentement sexuel doit toujours respecter 5 conditions essentielles :
- Éclairé : la personne sait exactement à quoi elle dit « oui », est informée clairement de ce qui va se passer : quelles pratiques, dans quelles conditions (ex. : avec ou sans protection), etc.
- Spécifique : dire « oui » à un bisou, ce n’est pas dire « oui » à tout. Chaque étape demande un consentement clair. Le doute vous envahit ? Stoppez net et posez-lui la question !
- Libre : un vrai « oui » est donné sans pression, peur ou manipulation. Si la personne est forcée ou n’est pas dans son état normal, ce n’est PAS un consentement.
- Réversible : On peut changer d’avis à tout moment, même en plein acte. Un simple « stop » doit être écouté et respecté immédiatement.
- Enthousiaste : le consentement, c’est un « oui » sincère et exprimant du désir. Si l’autre hésite, semble mal à l’aise ou ne répond pas clairement, alors ce n’est pas un vrai « oui ». Un faux « oui », c’est un vrai « non » !

Ce que le consentement sexuel n’est PAS…
- Un contrat figé : le consentement se donne à chaque instant et peut être retiré à tout moment. Ce n’est jamais acquis.
- Une manipulation : mentir ou cacher ses intentions annule le consentement.
- Une zone grise : un « oui » clair, libre et enthousiaste est obligatoire. Le silence n’équivaut pas à l’accord
- Valide sous contrainte : céder n’est pas consentir… Si une personne est forcée, intimidée ou influencée, il n’y a pas de consentement
- Justifié par les vêtements que l’on porte : même « provoquants », ces vêtements ne sont pas un alibi pour ignorer le consentement.
- Acceptable avec de l’alcool ou des drogues : une personne ne peut pas consentir une fois ivre ou en ayant pris des stupéfiants ou d’autres médicaments
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Consentement verbal vs non-verbal
La communication est la clé du consentement sexuel. Mais elle n’est pas toujours une question de mots, comme le confie une jeune Equatorienne de 20 ans : « Je ne voulais pas, mais j’ai accepté de le satisfaire ». C’est plus complexe : une personne peut dire « oui » sans en avoir vraiment envie, par peur ou sous pression.
C’est pourquoi il faut être attentif·ve aux signaux non-verbaux ! Les expressions faciales, les gestes et la posture en disent long sur ce que ressent l’autre et les jeunes utilisent très souvent le langage non-verbal et son interprétation peut être complexe et liée au contexte.
Pour valider son « oui », un vrai consentement peut se manifester, par exemple, par :
- Un sourire sincère
- Un hochement de tête
- Un contact visuel prolongé
- Une caresse avec la main
- Une posture ouverte et détendue

À l’inverse, une personne peut ne pas être consentante si elle :
- Détourne le regard ou évite le contact visuel
- Croise les bras ou adopte une posture fermée
- Se fige et reste immobile
- Répond par des phrases courtes et ne relance pas la conversation
- Ne sourit pas ou fait la moue
Attention : chaque personne a un langage corporel différent, donc il est parfois difficile d’interpréter tous les signaux.
Alors, comment s’assurer que tout est OK ?
Voici quelques phrases bienveillantes pour vérifier le consentement :
- « Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? »
- « Est-ce que ça te va si je… ? »
- « Tout va bien ? Je peux continuer ? »
- « Comment te sens-tu ? »
- « Si ça ne te plaît pas, n’hésite pas à me le dire. »
Et en cas de doute, stoppez court, c’est le plus simple.
L’âge légal du consentement sexuel en Belgique et en Europe
En Belgique, l’âge légal du consentement sexuel, c’est-à-dire la majorité sexuelle, est fixée à 16 ans. Cela signifie que toute personne de moins de 16 ans ne peut légalement donner son consentement, quel que soit le genre des personnes impliquées.
Entre 14 et 16 ans, il existe une exception : si la différence d’âge ne dépasse pas 3 ans, un consentement est possible. Attention : certaines situations annulent totalement le consentement d’une personne mineure. Elle ne peut jamais consentir librement à une relation sexuelle :
- Avec un∙e parent∙e ou membre de sa famille proche
- Avec une personne avec une position d’autorité, de confiance ou d’influence (professeur∙e, entraîneur∙se, etc.)
- Dans un contexte de prostitution
Et ailleurs en Europe ?
L’âge du consentement varie d’un pays à l’autre :
- Le plus bas en Europe : 14 ans dans 14 pays, dont l'Allemagne, l'Italie et le Portugal
- Le plus élevé en Europe : 18 ans en Turquie, au Vatican et à Malte
- En France : 15 ans
De plus, des distinctions peuvent exister selon l’orientation sexuelle et le genre dans certains pays. Par exemple, l’âge légal est plus élevé pour les relations homosexuelles masculines à Gibraltar et en Grèce (plus de 18 ans).
Se renseigner sur la loi du pays où l’on se trouve est donc essentiel !
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Les limites du consentement : ce qu'il faut comprendre
En Belgique, la loi reconnaît que certaines situations empêchent un consentement libre et éclairé. Même si la personne dit « oui », ce n’est pas un vrai consentement sexuel si elle est en situation de vulnérabilité. Dans ces cas-là, tout rapport peut être considéré comme une agression sexuelle.
Quand le consentement est invalide :
- Sous influence : l’alcool, les stupéfiants, les médicaments ou toute substance altèrent le jugement et empêchent un consentement réel et éclairé
- Endormi∙e ou inconscient∙e : un « oui » donné avant de s’endormir ou de perdre connaissance ne compte pas.
- Certaines maladies ou certains handicaps : ils peuvent empêcher des personnes de comprendre la situation en toute connaissance de cause
- Pression psychologique : menaces, chantage affectif, normes sociales (ex. « devoir conjugal »), ruse, surprise ou violences physiques ou psychologiques invalident tout consentement.
Absence de consentement et agression sexuelle
En Belgique, toute forme de contact sexuel non consenti constitue une agression sexuelle.
La loi distingue deux formes d’agression sexuelle :
- Atteinte à l’intégrité sexuelle : tout acte sexuel sans pénétration et sans consentement, comme des attouchements forces ou le fait d’exposer ses parties génitales
- Viol : toute pénétration sexuelle sans consentement, que ce soit avec le pénis, la langue, les doigts ou un objet
La législation belge n’exige pas qu’il y ait violence physique pour que l’acte soit qualifié d’agression sexuelle ou de viol. La victime peut être paralysée par la peur et incapable de réagir, sans que cela minimise la gravité de l’acte. Absence de consentement et agression sexuelle vont donc de pair.
Avant 14 ans, tout acte de pénétration sexuelle est considéré comme viol, car la loi estime qu’une personne mineure ne peut pas donner son consentement.
Le saviez-vous ? Le « stealthing », qui consiste à retirer son préservatif sans prévenir son/sa partenaire, est également considéré comme du viol en Belgique.
Et ailleurs en Europe ?
Hélas, il n’existe pas de définition légale universelle du viol. Celle-ci varie selon l’Etat et les systèmes juridiques. Dans certains pays, dont la France, un viol est encore défini par la notion de coercion, c’est-à-dire de contrainte physique. Cela signifie que si la victime ne s’est pas débattue, il peut être difficile de prouver un viol...
Pourtant, le viol ne se limite pas à une attaque par un inconnu dans une ruelle sombre. Il peut être commis par un∙e proche, un∙e ami∙e, un∙e collègue… sans violence physique.
Mais les choses bougent ! Plusieurs pays ont modernisé leurs lois en intégrant l’absence de consentement sexuel comme critère central pour définir un viol, notamment le Danemark, la Croatie, la Grèce et l’Espagne. En Finlande, aux Pays-Bas, en Slovénie et en Suisse, des réformes sont également en cours.
Le mythe du « devoir conjugal »
Des études montrent que de nombreuses jeunes femmes ont des rapports sexuels sans vraiment en avoir envie, juste pour éviter un conflit, par peur que leur partenaire ne les quitte ou par « devoir conjugal ».
Témoignage de jeunes chercheuses équatoriennes (17-22 ans) : « Le mec dit « Si tu m’aimes, faisons l’amour ». Et là, c’est comme une pression... Par obligation, je vais faire l’amour avec lui... Les filles à un moment donné cèdent par peur de perdre leur petit ami ou leur relation. »
Cette notion de « devoir conjugal » est encore utilisée par de nombreuses personnes. Pourtant, elle est totalement erronée et sans fondement juridique.
En effet, le viol conjugal existe… et il est même puni par la loi depuis 1989 ! Être en couple, même marié, ne donne donc aucun droit sur le corps de l’autre.
Promouvoir le consentement : le rôle de la société
Avant de pouvoir choisir, il faut comprendre. C’est pourquoi éduquer au consentement dès le plus jeune âge est essentiel. En grandissant, les enfants n’auront ni honte ni peur de dire « non » et pourront mieux saisir et respecter le consentement et les droits des autres, ainsi que les leurs.
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Aux quatre coins du monde, nous soutenons celles et ceux qui promeuvent et défendent ce principe. Nous nous attaquons aux causes profondes des agressions que subissent les filles et modifions les relations de pouvoir inégales qui contrôlent leur sexualité. Grâce à une éducation sexuelle complète et au dialogue, nous sensibilisons les enfants et jeunes pour mieux comprendre leur corps, leurs droits et ceux des autres. Nous accompagnons également les filles et jeunes femmes pour les protéger contre les violences sexistes.
En Belgique, Plan International mène aussi des campagnes de prévention comme #WeCare. Chaque été, nous sensibilisons les jeunes lors de festivals pour parler du consentement et des aides disponibles en cas de comportements déplacés.
Les festivals sont des lieux d’expression et de liberté. Mais parfois, nous recevons des commentaires ou sommes harcelé·e·s à cause de notre tenue. Or, cela ne devrait pas nous empêcher de faire la fête.
Camilla, rencontrée sur notre stand au festival Les Ardentes
Une base essentielle pour des relations saines
Le consentement sexuel, c’est bien plus qu’un simple « oui ». C’est un accord donné librement, en toute connaissance de cause, qui peut être retiré à tout moment. Il doit être clair, enthousiaste et s’exprime verbalement et non verbalement.
Ce consentement n’est pas une autorisation figée mais un dialogue continu, basé sur l’écoute, la bienveillance et le respect mutuel. Apprendre à connaître et respecter les envies (et non-envies !) de chaque personne, c’est la clé pour construire des relations saines, équilibrées et épanouissantes.
D’un point de vue légal, en Belgique, l’âge minimum du consentement est de 16 ans. L’influence de substances, l’inconscience et les pressions psychologiques ou sociales, et d’autres circonstances invalident le consentement. Sans consentement explicite, toute relation est qualifiée d’agression sexuelle, voire de viol.
En Belgique et à travers le monde, Plan International s’engage à promouvoir des relations fondées sur le respect, l’égalité et l’éducation au consentement.

Au Brésil, Plan International organise des ateliers sur les droits des filles, où les filles peuvent s’exprimer librement et remettre en question les stéréotypes et comportements menant à la violence sexiste. Par cette voie, Charlienne, 17 ans, qui a elle-même subi des violences, n’hésite plus à faire entendre sa voix :
La violence faite aux femmes ne peut pas être tolérée !

Envie d’agir avec nous pour normaliser le consentement ?
Devenez volontaire lors de festivals et sensibilisez d’autres personnes à cette causeou rejoignez le conseil des jeunes de Plan International et faites entendre votre voix sur des sujets comme le consentement.
FAQ
Quel est l’âge légal du consentement sexuel ?
En Belgique, la majorité sexuelle est à 16 ans. Cependant, entre 14 et 16 ans, si la différence d’âge n’est pas supérieure à 3 ans, il est possible de consentir à des actes sexuels. Un mineur n’est jamais en mesure de donner son consentement sexuel envers des parents ou des personnes en position de confiance, d’autorité ou d’influence.
Comment définir le consentement sexuel ?
Le consentement sexuel est un accord clair et volontaire donné par une personne pour participer à une activité sexuelle. Il doit être éclairé, spécifique, libre, réversible et enthousiaste, et donné de manière explicite et implicite. Il faut donc un « oui » clair, ainsi qu’un langage corporel, non verbal, qui exprime l’enthousiasme.
Quelles sont les limites du consentement ?
En Belgique, la loi reconnaît certaines limites au consentement. Toute relation sexuelle, même consentie, peut être considérée comme une agression dans les contextes suivants :
- Alcool ou substances peuvent altérer le libre arbitre
- Inconscience ou endormissement
- Certaines maladies ou certains handicaps
- Menaces, chantage affectif, violences physiques ou psychologiques ou manipulation
- Normes sociales (ex. devoir conjugal)
Comment savoir si la personne est consentante ?
Il faut s’assurer qu’elle est informée clairement sur ce qui va se passer et qu’elle dise « oui » clairement et sincèrement pour chaque étape, librement et non sous la contrainte. Ce consentement doit être exprimé verbalement, mais aussi par une attitude et un langage non-verbal enthousiaste, et peut changer à tout moment. Légalement, la personne doit avoir au minimum 16 ans et être consciente et lucide.
Peut-on donner son consentement sous pression ?
Non, on ne peut pas donner son consentement sous la pression. Consentir, ce n’est pas céder. Menaces, chantage affectif, violences physiques ou psychologiques ou encore normes sociales (ex. devoir conjugal) peuvent induire un « oui » non consenti. Il faut donc s’assurer que la personne est enthousiaste et libre de donner son consentement.
Le consentement doit-il être verbal ?
Un consentement doit toujours être verbal et non verbal. Une attitude corporelle volontaire et enthousiaste peut valider un « oui ». À l’inverse, des indices non-verbaux (hésitation, peur, dégoût…) montrent qu’une personne n’est pas consentante. Cependant, le langage corporel est différent pour chaque personne. En cas de doute, posez des questions à la personne ou mettez fin à l’activité.